dimanche 5 décembre 2010

La méditation

  Selon Mère et Sri Aurobindo
 
1 - Sur la méditation

Choisissez un lieu calme et retiré où vous soyez sûr de ne pas être dérangé pendant trois-quarts d'heure ou une heure au moins.
Asseyez-vous, soit les jambes croisées sur un tapis ou un coussin, soit sur une chaise ou un fauteuil, le corps droit mais sans raideur ni contrainte. On peut avoir le dos soutenu. En fait la position n'a pas grande importance. L'important est d'être à l'aise afin de pouvoir oublier le corps. La position couchée est à éviter, sauf nécessité pour maladie ou infirmité, car elle incline au sommeil.
Commencez toujours la méditation par un appel intérieur, un acte d'offrande ou une prière au Divin.
a) Une première méthode consiste à observer la ronde des pensées sans se laisser entraîner par elles. Votre tête est une sorte de place publique que traversent d'innombrables pensées. Quelques-unes attirent particulièrement votre attention et restent plus longtemps que d'autres. Restez calme, détaché, sans vous identifier à aucune d'elles. Vous constaterez qu'il est possible de séparer votre conscience, immobile et silencieuse, des pensées qui traversent l'espace mental. On a appelé cette conscience "la Conscience-témoin", "le Témoin silencieux", "le Veilleur silencieux". Votre véritable moi mental est ainsi parfaitement distinct des pensées avec lesquelles il s'identifie pourtant d'habitude.
Lorsque vous refusez cette identification, les pensées perdent de leur force, comme les vagues d'un océan s'apaisent après la tempête. Ce calme mental est connu sous le nom de "quiétude". Quelques pensées se présentent encore, mais, si vous persistez, elles passent furtivement et ne peuvent plus troubler la perception intérieure qui peut enfin s'éveiller.
b) Une autre méthode, plus radicale et plus rapide, mais aussi plus difficile, consiste à écarter délibérément toutes les pensées au fur et à mesure qu'elles commencent à tourner dans la tête. Quand il en vient une, chassez-la tout de suite sans lui laisser le temps de prendre pied et de s'installer. Les raisonnements, les associations et les souvenirs sont ainsi écartés peu à peu. Graduellement le mental s'apaise, les pensées s'espacent de plus en plus et vous atteignez, de cette façon aussi, la "quiétude".
Il faut que vous sachiez que le premier effet d'un tel essai de contrôle mental est quelquefois une augmentation apparente de la force tumultueuse des pensées. N'en soyez pas troublé, mais persévérez.
Il est possible de pousser plus loin et de parvenir au complet "silence" mental. C'est pourtant une tâche ardue et ce n'est pas indispensable, tout au moins pour le "yoga intégral" de Sri Aurobindo, où l'on ne cherche pas à atteindre l'extase en quittant le corps, mais à avoir toutes les expériences à l'état pleinement éveillé et conscient.
c) La maîtrise mentale peut aussi s'obtenir par la concentration, qui consiste à fixer la pensée sur un objet intérieur si fortement que cela unisse en quelque sorte la pensée à l'objet. Cette identification éveille en vous une véritable connaissance de l'objet. Le meilleur objet de connaissance, le plus digne de concentration, est sans contredit le Divin, le Suprême. Il importe peu que vous choisissiez le Divin personnel ou l'impersonnel, ou même subjectivement, le Moi unique. Quand votre pensée s'évade et bat la campagne, il faut la ramener avec calme et persévérance sur l'objet de concentration. Remarquez qu'ici encore s'opère une dissociation entre vous et vos pensées. L'idée suivante peut vous aider dans votre concentration: "Tout en Dieu, Dieu en tout et Dieu comme tout."
Vous pouvez utiliser un mot, une invocation, une prière, qui vous touche plus particulièrement et dont la répétition silencieuse apaise la partie la plus mécanique de votre être mental. Ceux qui not pour le Divin des sentiments de dévotion se servent ainsi du nom du Bien-Aimé.
Le mieux est d'utiliser concurremment ces trois méthodes suivant les besoins du moment et la facilité que l'on éprouve à les suivre. En tout cas une pratique régulière est nécessaire, quotidiennement et de préférence à la même heure.
Un jour, on se sent soudain pénétré d'un bonheur inexprimable, d'une douceur telle que rien au monde - aucune joie humaine, aucun plaisir - ne peut lui être comparé. C'est un état impersonnel, sans objet, et en même temps c'est une présence, invisible mais pénétrant jusqu'au fond de l'âme, ou peut-être descendant des hauteurs de l'Esprit.
Le monde, les êtres et les choses n'ont plus besoin d'être expliqués; leur existence contient leur propre justification. Ils "sont" - de toute éternité - et ne cesseront jamais d'être à l'avenir. La mort est devenue une impossibilité dérisoire.
Des merveilleuses expériences qui caractérisent cet état, on a donné des descriptions qui varient suivant les profondeurs atteintes, les aspects qui prédominent, les conditions individuelles, les besoins spirituels du moment et les phénomènes qui peuvent se produire (lumière, ouverture à une conscience universelle au-dessus de la tête, etc..) Il ne s'agit pas ici de visions - lesquelles sont tout autre chose - mais "d'états d'âme", ou plutôt "d'états de conscience".
A cette classe d'expériences, les mystiques de tous les pays qui les ont vécues ont donné des noms divers : la grande Paix ou la Paix du Seigneur, la Présence divine, la découverte du vrai Moi, l'Ouverture ou l'Épanouissement de l'Âme, la deuxième Naissance, le Repos en Brahman, l'entrée dans la Réalité unique, la Conscience cosmique, l'Illumination, la Connaissance directe, le Nirvâna… C'est en vérité une vie nouvelle qui commence. Le monde intérieur devient plus important que le monde extérieur.


2 - Sur la discipline

Les expériences qui viennent d'être décrites sont fugaces. Peu de temps après que l'on est sorti de la méditation, elles perdent de leur force vivante et, malgré les efforts que l'on fait pour les conserver, s'estompent. Cela tient à ce que nous sommes faits de nombreux morceaux qui tirent chacun de son côté. Au-dessous de l'aspiration et de la volonté centrales les plus hautes, viennent l'être mental et l'être vital, puis le corps matériel, qui réagissent à leur façon aux sollicitations de la vie extérieure. Et chacune de ces parties est elle-même composée. Ce mélange de réactions brouille complètement la mémoire des expériences spirituelles.
Si nous voulons que la paix, la force, la lumière et la félicité reçues pendant la méditation puissent rester vivantes tout au long de la vie extérieure si absorbante, il faut que toutes les parties de notre être s'organisent autour de la conscience la plus haute en nous, celle qui est ouverte au Divin, et qu'elles se soumettent à sa direction. Pour cela une discipline stricte est rigoureusement indispensable, qui prépare peu à peu et permette cette "unification" de l'être.
La tâche est ardue et celui qui l'essaie s'en rend vite compte. Elle va contre toutes les habitudes humaines normales qui considèrent la vie des sens comme la seule réalité. Une discipline suivie et persévérante peut pourtant préparer puis provoquer une véritable transformation de l'être, que consacrera un retournement décisif de la conscience de veille.
L'effort demandé est triple; il constitue le "yoga intégral" de Sri Aurobindo. C'est
"un triple labeur d'aspiration, de rejet et de don de soi:

Une aspiration vigilante, constante, incessante, la volonté de l'esprit, la recherche du cœur, l'assentiment de l'être vital, la volonté d'ouvrir et de rendre plastiques la conscience et la nature physique.

Le rejet des mouvements de la nature inférieure: le rejet des idées, opinions, préférences, habitudes et constructions [de la nature mentale], afin que la connaissance véritable puisse trouver le champ libre dans un esprit silencieux. Le rejet des désirs, réclamations, sensations et passions de la nature vitale, de son égoïsme, son orgueil, son arrogance, sa luxure, son avidité, sa jalousie, son envie et son hostilité envers la vérité, afin que le pouvoir et la joie véritables puissent se déverser d'en haut dans un être vital calme, grand, fort et consacré. Le rejet de la stupidité, du doute, de l'incrédulité, de l'obscurité, de l'obstination, de la paresse, du mauvais vouloir à changer et du tamas [l'inertie] de la nature physique, afin que la stabilité véritable de la lumière, du pouvoir, de l'ânanda [la félicité] s'établisse dans un corps devenant de plus en plus divin.
Le don de soi, de tout ce que l'on est, de tout ce que l'on possède, de chaque plan de la conscience et de chaque mouvement, au Divin et à sa Shakti [l'Énergie créatrice consciente].

Dans la mesure du don et de la consécration de soi, le sâdhaka [celui qui suit une discipline spirituelle] prend conscience que la Shakti divine fait la sâdhâna [la discipline spirituelle] et pénètre en lui de plus en plus en y établissant la liberté et la perfection de la Nature divine. Plus cette opération consciente remplace son propre effort, plus rapide et véritable devient le progrès. Mais elle ne peut faire disparaître complètement la nécessité de l'effort personnel qu'au moment où la soumission et la consécration sont devenues pures et complètes de haut en bas."


(Sri Aurobindo - La Mère, II)

Le moyen pratique d'appliquer ces conseils est à votre portée, ce qui ne veut pas dire qu'il soit facile; le voici:
Offrez intérieurement au Divin, au Suprême, à votre Idéal le plus haut, tous les événements et les circonstances, grands ou humbles, de votre vie quotidienne, et accomplissez en offrande au Divin, au Suprême, à votre Idéal le plus haut, toutes vos pensées, vos paroles, vos actions, au moment même où vous les accomplissez.
Si vous êtes sincère dans votre offrande, dans le don de vous-même, votre vie changera du tout au tout. Vous découvrirez qu'une Main invisible (la Shakti) vous guide - et vous a toujours guidé à travers les années. Une joie nouvelle se lèvera pour vous chaque matin.
Chaque action, même la plus triviale, vous l'accomplirez du mieux que vous pourrez, en vous concentrant totalement sur elle. Vous trouverez alors qu'elle recèle un trésor de joie. De plus, avec cette pratique vous avez la clé de la perfection dans le yoga et de la transformation de votre nature.
C'est une excellente habitude que d'inclure dans votre discipline un peu de lecture. Prenez peu à peu les livres de Sri Aurobindo et de la Mère auxquels vous avez accès. Il n'est pas nécessaire de lire beaucoup - une demi-heure par jour suffit. Lisez lentement, relisez au besoin, puis réfléchissez à ce que vous venez de lire, et pensez-y pendant la journée. Essayez de le mettre en pratique, de le vivre. Vous entrerez peu à peu en contact avec la grande Conscience de Sri Aurobindo et de la Mère (c'est tout un pour nous) et vous découvrirez le sens caché de leurs paroles.
La question sexuelle vous préoccupe-t-elle ? Cherchez au mieux une harmonie temporaire, sans brimades et répressions inutiles. Tout cela se clarifiera et vous parviendrez peu à peu à la maîtrise, dans ce domaine comme dans tous les autres. La petite Anthologie conseillée dans la note [Anthologie de l'Amour] vous montrera la place de l'amour dans la création et vous aidera à découvrir où vous en êtes vous-même. Il n'y a pas de règle uniforme pour tous. Chacun doit trouver la sienne propre.
Marchez de l'avant, ayez confiance ! C'est ainsi que vous forgerez l'unité de votre être. Et quand vous aurez effectué cette unification, la transformation de votre nature entière deviendra possible. Les années, les vies ne compteront plus pour vous, vous marchez graduellement vers la divinité.
Rappelez-vous que le but de la longue évolution à travers les formes minérales, végétales et animales, puis à travers les vies humaines successives et les civilisations qui se suivent, est de faire de l'homme un être pleinement conscient, pleinement éveillé, individuellement et universellement, c'est-à-dire conscient de tout ce qui se passe en lui et dans le monde.


PREMIÈRE MANIFESTATION SUPRAMENTALE

29 février 1956


(Pendant la méditation en commun du Mercredi - Texte écrit par Mère)

Ce soir, la Présence Divine était là, présente parmi vous, concrète et matérielle. J'avais une forme d'or vivant, aussi grande que l'univers, et je me trouvais devant une immense porte d'or massif - la porte qui séparait le monde du Divin.


Regardant la porte, j'ai su et voulu, dans un unique mouvement de conscience, que le TEMPS EST VENU (the time has come); et soulevant un énorme marteau d'or que je tenais à deux mains, j'en assénais un coup, un seul, sur la porte, et la porte a été mise en miettes.


Alors la lumière, la force et la conscience supramentales se répandirent en flots ininterrompus sur la terre.

vendredi 3 décembre 2010

Le Feu d'être-Satprem


Le feu d'être - Satprem
 
« Il n’y a pas besoin de rencontrer un maître ni qui que ce soit. Il n’y a qu’à promener dans sa vie son besoin d’être, son feu d’être.

Ce besoin, c’est le gourou en personne, c’est le Divin au fond de soi, c’est la Lumière même au fond de soi-même. Qu’a-t-on besoin d’aller écouter la bonne parole de celui-ci ou de celui-là ?
Si l’on a l’occasion de rencontrer des êtres ou des livres qui ont une puissance, une réalité pour nous, qui nous ouvrent une fenêtre un moment, c’est parfait. Mais pourquoi s’arrêter éternellement à une fenêtre particulière, à un homme particulier ?
Ces êtres et ces livres sont simplement des prétextes pour déclencher en nous le besoin, l’aspiration vers le Réel.

Mais si le feu n’est pas allumé dedans, vous pouvez y déverser des tonnes de bonne parole, ça ne servira à rien. Vous pouvez amener des kilomètres de Christ, ça ne vous changera pas un homme.
Il faut que quelque chose, dedans, ait besoin. Si la fleur pousse et s’épanouit, c’est qu’elle cherche le soleil ; c’est aussi simple que ça.

Si l’on cherche des billets de banque ou de la philosophie, on aura des billets de banque ou de la philosophie, et c’est tout.

Mais si l’on a réellement besoin d’être, au milieu de cette marée gluante de conscience obscurcie, alors quelque chose s’allume dedans, et ça, c’est le Chemin. »

Satprem










Ensemble....

«(…) Nous sommes dispersés, éloignés, chacun sur son petit continent, avec de petits et grands soucis, et la vie de tous les jours. Pourtant ce n’est plus comme tous les jours, une lumière cherche à se glisser à travers les fils de notre trame, si nous le voulons bien. Que pouvons-nous faire pour hâter son Moment ? Il faudrait tellement que cela aille plus vite. La terre est douloureuse, nos petits sentiments sont si gris et périmés(…) Certainement, la plus grande aide est d’appeler cette « autre chose », ce demain de la Terre, dans son cœur, dans ses actes, dans ses pensées, avec chaque pas, chaque geste, sourdement, obstinément comme on cogne à une porte, comme un appel d’oxygène et l’espace d’un sourire dans cette grisaille. Appeler, c’est faire invisiblement pousser des ailes, c’est faire un trou dans la carapace de l’habitude. (…) Vous qui aimez Mère, qui avez senti ce sourire, ce grand possible battre, donnez-vous un peu. Sortez de votre coquille. Allez porter cet imperceptible frémissement du Monde nouveau. (…) Que notre sourire embrasse toujours plus de sourires. Pour que la terre soit légère. Ensemble !»
Satprem

LETTRE A L'OCCIDENT

(Où Satprem soulignait l'importance cruciale du travail de Mère pour l'évolution humaine, terrestre.  Cette lettre a été écrite en 1978.)


À l’Ouest, quoi de nouveau ?
Une civilisation, après tant d’autres, qui semble boucler son cycle sur une merveille dévorante, comme Thèbes avant sur une merveille de connaissance occulte au milieu des falaises ocres, comme la Grèce et Rome sur d’autres merveilles plus gracieuses mais non moins mortelles, comme l’Inde, avant, sur des merveilles spirituelles croupissantes. Mais la Merveille, personne ne l’a attrapée, parce que c’est la seule chose dont on ne meurt pas. Et peut-être, tous ces cycles vains, pour nous faire attraper, au bout du compte et de tous les comptes usés, cette seule chose dont on ne meurt pas. Mais qu’est-ce qui ne meurt pas dans cette affaire cosmique — même les petits oiseaux.

Chaque espèce meurt, ou s’anéantit dans une ronde stagnante — c’est la seule « loi » sur laquelle tout le monde puisse être d’accord. Nous ne sommes même pas sûrs que les espèces stagnantes ne soient pas des fossiles en attente.
Ou bien, une merveilleuse spirale qui nous projette de planètes en planètes et d’une galaxie à l’autre — parce que même les galaxies meurent —, toujours vers une autre merveille, et d’autres merveilles chaque fois dévorées. Mais la merveille de quoi, finalement, puisqu’on fait toujours un petit cadavre pénible — à moins d’un coup d’œil cosmique qui nous récompense un jour de nos peines et nous fasse voir ce petit cadavre en attente, ce petit fossile, cette poudre d’atomes triomphants, comme un éternel Jeu de quelque conscience théâtrale qui se paye le luxe d’un million et un milliard de cadavres pour son plaisir particulier. Alors, soudain, on ne peut s’empêcher d’applaudir notre matérialisme athée qui a parfaitement craché à la figure des sagesses de l’Est — qui s’écroulent parfaitement, d’ailleurs, autant que notre cycle matérialiste... et peut être pour les mêmes raisons.

Alors nulle merveille, dans aucune galaxie passée ou à venir ? Un petit bonhomme qui peine et peine, de planète en planète, avec quelques joies illusoires et triomphes fracassants ou même quelques molécules prolongées pour avoir le plaisir de regarder 200 ans de plus, ou quatre, sa petite histoire pas brillante.
Non, il n’y aura pas de merveille tant qu’il y aura un corps — des molécules — qui meurent. Parce que ce qui fait mourir un petit corps, c’est ce qui fait mourir tout un cycle ou toute une galaxie — c’est la même « loi ». Il ne s’agit pas de devenir immortel : il s’agit de trouver ce qui fait qu’on en meurt. Si nous avions ce secret-là ou cette loi-là, nous changerions tous les univers, ou notre façon d’être dans ces univers, et ce serait peut-être enfin la Merveille — si nous voulons bien penser que cette fichue affaire évolutive ait quelque but de joie et de plénitude au lieu d’être comme une perpétuelle affaire manquée.

C’est ici qu’à l’Ouest, il pourrait y avoir quelque chose de nouveau parce que, précisément, nous sommes des matérialistes et nous cherchons un triomphe de la Matière et non d’un petit esprit dans les nuages. Nous aimons les lois, les mécanismes, les leviers : triturer cette Matière et en extirper les secrets. Trouver la loi de la mort, ce qui fait la mort. Non, pas la « guérir » : le mécanisme, pourquoi ça meurt ?
Guérir, nous n’avons rien guéri : nous inventons des artifices, c’est-à-dire des monstres, que nous plaquons sur le « quelque chose » qui fait la mort. Ça marche pendant un temps. Puis il faut inventer des monstres de plus en plus monstrueux — car le monstre ne peut durer qu’en devenant de plus en plus monstrueux : c’est sa loi, comme celle des mégathériums au tertiaire, jusqu’à ce qu’il se détruise lui-même, comme ces autres monstres, c’est-à-dire ces autres artifices, avec leurs cures yoguiques ou occultes en Inde et à Thèbes. Nous avons jusqu’ici manié des artifices, d’un cycle à l’autre, avec un minois spirituel ou moins spirituel. Les singes aussi, les cacatoès aussi, quand ils grignotent une liane ou une pistache, se servent d’un artifice : un bec, des dents. Notre artifice spécial, après la pince du crabe, en ce cycle humain, c’est le cerveau. C’est notre pince spéciale pour manier la Matière. C’est notre artifice, notre monstre choisi. Et la Merveille court toujours.
Allons-nous mourir sans trouver le Secret, notre secret évolutif ? Une Thèbes de ferrailles. Et s’il n’y a pas de secret, s’il n’y a pas de but évolutif, alors nous avons raison de mourir et le plus tôt possible ou le moins mal possible. Mais s’il y avait un Secret ?
Qu’est-ce que pourrait être l’autre instrument qui manierait la Matière sans intermédiaire : sans pince ni bec ni microscope électronique ? Nous avons parcouru beaucoup de cycles, mais nous avons seulement amélioré la loi du crabe — nos crabes électroniques ne sont pas plus avancés que les crabes tout court : ils servent seulement d’autres fins provisoires et tout aussi mortelles. Une matière sans artifice, ce serait une Matière capable de se transformer elle-même, sans dents, ni bras ni concasseurs ni même petit cerveau. Il se pourrait que le cerveau qui nous honore soit le dernier vestige ou résidu du premier propulseur des flagellés: une manière de se débrouiller « mieux ». Il se pourrait que tous ces instruments successifs — de mieux en mieux ou de mal en pis, comme on veut — soient faits évolutivement pour nous conduire au point du sans instrument : de la Matière directe, si l’on peut dire, qui se transforme elle-même par son propre pouvoir au lieu de saisir des matériaux « extérieurs » pour se mélanger et s’additionner ou se soustraire et se diviser, ou se nourrir et mourir finalement. Il se pourrait que l’instrument soit l’écran d’autre chose : la pince devient de plus en plus grosse, comme le saurien, comme le Boeing 707, et finalement, la béquille supplante l’homme. Son artifice particulier devient sa mort particulière. La mort, peut-être, parce qu’il s’appuie sur autre chose que lui-même, parce qu’il mange autre chose que lui-même, tue autre chose que lui-même, « pense » à autre chose — tout est « autre chose » manipulé par des moyens extérieurs. Tout est un artifice pour remplacer le seul « quelque chose » qui aurait un pouvoir ou une existence directe. C’est cela, le point de mort. C’est là ou l’évolution pourrait subitement se partager — nous rêvons, mais oui, rêvons donc — comme les murs de Jericho ou de Chine ou comme avant et après les grands plissements, entre la somme des vieux cycles instrumentaux (la vieille évolution) du flagellé au crabe et à l’homme, et une évolution nouvelle sans instruments, sans artifice — sans mort. Parce que, ce qui faisait la mort, c’était, peut-être, de n’avoir pas trouvé le pouvoir direct de la Matière, la réalité de la Matière : ce qu’elle est, et donc ce qu’elle peut.
Se pourrait-il que nous soyons au point évolutif où la Matière, de plus en plus éveillée, développée par ses propres instruments, comme un enfant éveillé, développé, par ses propres deux pattes + une certaine somme de dictionnaires pour lui apprendre tout ce qui est « en dehors » de lui, découvre enfin son propre pouvoir moteur et sache instantanément, se nourrisse instantanément, se meuve instantanément, se transforme instantanément ? Où est la mort de ce qui se transforme à chaque instant ? La mort, c’est ce qui se fossilise dans une pince, un radicule ou un cerveau — c’est la stratégie évolutive pour passer d’une espèce à l’autre et transformer constamment cette Matière première, ce premier « quelque chose » qui est notre secret final.
Devant la « loi » de la mort, et son égale, il y a la seule loi de la transformation de la Matière. Et toutes nos pinces de crabes ou super-pinces électroniques sont une aberration ou un détour évolutif, une petite circonvolution évolutive, pour nous conduire au secret central, matériel, où nous passerons d’une évolution de la mort à une évolution de la joie — rêvons-le, en tout cas, ça ne dérange pas.

Mais nous qui ne sommes pas des rêveurs, qui sommes des manipulateurs par excellence, nous pourrions peut-être tenter cette merveille-là, si seulement nous connaissions le processus. N’est-ce pas, faire une évolution nouvelle, après Darwin : un cycle post-darwinique qui remettrait tout en question et donnerait peut-être un sens à tous ces cycles de misère instrumentale.

Un processus — si nous ne croyons pas spécialement aux galipettes spirituelles des ascètes de la conscience cosmique en faillite à l’Est, pas plus qu’aux galipettes des ascètes de laboratoire en faillite à l’Ouest — c’est quelque chose qui doit pouvoir se saisir directement dans notre propre corps (puisque c’est là qu’est le lieu de l’évolution). C’est donc une entreprise à la portée de n’importe quel idiot, puisque notre pince cérébrale n’est pas plus le lieu des transformations évolutives que ne l’était le bec du cacatoès — encore que chaque petite griffe ait contribué au passage. C’est donc, encore, une entreprise qui demande à regarder son corps, à vivre son corps, d’une manière un peu directe sans coller instantanément dessus ce que nous en pensons, ce que nous en connaissons, ce que toutes nos lois et légistes du flagellé au crabe et à l’homme, ont successivement décrété, répertorié et équationné. C’est donc une première manière de se déshabituer de l’homme pour être le « quelque chose » qui s’est successivement revêtu de poils urticants, de carapace ou de peau blanche — justement le quelque chose. Un quelque chose qui vit à chaque instant, bat à chaque instant, sur ce boulevard en complet veston autant que dans cette petite vasque jolie avec les anémones. Ce n’est pas à mettre en éprouvette : c’est à éprouver soi-même — pour une fois dans toute cette fichue histoire, s’éprouver tel qu’on est.

Une grande question.
Plus difficile que les éprouvettes du pharmacien.
Et pourtant c’est là, sous la main ou sous la peau.
Tout le secret évolutif.

Se pourrait-il, alors, que nous découvrions que toutes nos « lois » sont les lois de notre tête, autant qu’elles pouvaient être les lois de nos pinces et de nos petits yeux ronds dans une jolie vasque diaprée — pas plus sûres, pas plus « scientifiques » : une habitude humaine de jauger le monde et de peser d’une certaine manière contre nos parois... mentales.
Cette fantastique expérience, si simple, à portée de main, c’est peut-être bien notre dernier défi, à nous, gens de l’Ouest dotés d’électronique en faillite mais toujours amoureux de la Matière. Le dernier champ d’expérience, c’est nous-mêmes, mais pas dans les étendues supracosmiques en faillite également : dans une petite cellule... pure. Exacte. Telle qu’elle est.

Et si nous découvrions, derrière nos parois mentales, comme derrière nos anciennes membranes d’un genre ou d’un autre, un monde d’une autre loi, une évolution d’une autre loi, une vie d’une autre loi — une mort qui était seulement une fausse manière de voir et de peser contre des parois inexistantes, provisoirement utiles... jusqu’au jour où on arrive au sans paroi, dans le corps. La mort, c’était la fausse paroi qui nous emprisonnait dans une manière d’être au monde alors que, visiblement, l’évolution veut être toutes sortes de manières d’être, c’est-à -dire toutes sortes de manières d’auto-transformation.

C’est dans le corps qu’on franchit la paroi.
C’est le lieu du dernier secret.
Le commencement d’une évolution nouvelle.

C’est le secret de Mère : la Mutation de la Mort qui finalement est la découverte de la Matière telle qu’elle est, sans parois ni membranes ni petit cerveau ou pinces jolies : le lieu du corps où la Matière, déshabituée d’être particulièrement un homme ou une chauve-souris, se découvre un pouvoir vivant d’auto-transformation constante.

Allons-nous rester pris au piège d’un petit cerveau et de quelques gadgets électroniques, et mourir de notre monstre choisi, ou trouver enfin le secret des âges ?
L’Est et l’Ouest sont en train de mourir. Il n’y a pas à additionner ces excellentes quantités pour faire quelque cocktail du Véda + Einstein, pas plus qu’un archéoptéryx soudain n’est une addition de deux reptiles, mais quelque chose d’autre, une autre quantité, ou la mutation d’une même, éternelle quantité, que nous ne connaissons pas encore, qui n’est pas une addition de nos vertus, mais une soudaine mutation dans une vieille habitude d’être: un point de rupture de la paroi.
Tel est le défi à l’Est comme à l’Ouest.
Le défi de la Terre.
Allons-nous chercher dans le vrai sens, ou nous laisser, encore une fois, leurrer par des paradis cosmiques ou scientifiques ou marxistes, tandis que la Merveille continuera toujours plus loin. Et si nous étions vraiment matérialistes — peut-être ne le sommes-nous pas assez ?
Si nous allions à la découverte de notre matière, là, déambulante sur le boulevard et immédiate ?
Si nous faisions de l’évolution expérimentale, sur le tas ?
C’est peut-être bien notre dernière aventure.

Tirer de nous le prochain oiseau, qui n’aura peut-être pas besoin d’ailes pour connaître son monde partout parce qu’il n’aura plus de parois et plus l’habitude d’être spécialement mortel et prisonnier d’un plumage.
Le point de rupture de la prochaine espèce, tel est le problème, à l’Est comme à l’Ouest. Le secret d’une petite cellule, pure, qui traîne de peau en peau à travers un million de misères.
Ou alors la bombe encore une fois pour briser du dehors ce que nous n’aurons pas eu le courage de briser du dedans.
Est-ce qu’un têtard marxiste fait une grande différence avec un têtard de droite ? Allons-nous sauter par-dessus le bocal et voir la merveille du grand monde. Changer le programme, oui, génétique.
À l’Ouest, rien de nouveau.
À l’Est, rien de nouveau.
Ni à droite ni à gauche.
Mais dans une seule petite cellule, pure, un formidable Nouveau.
Satprem



Source  http://www.ire-miraditi.org/ire/let-occident.html

LA JOIE CRÉATRICE

Une joie cristalline et rieuse s'installe dans un corps régénéré. Il est puissance d'Amour dès qu'il se fond dans l'immensité d'une autre perception, dès qu'il participe au rythme universel de l'existence. Si plus rien ne se superpose, aucun commentaire, aucune pensée de séparation telle que "il faudrait" que ma joie se présente de telle ou telle façon, alors cette joie est pionnière et créatrice. Elle ne s'organise pas en but ou en devoir, elle est libre, elle s'envole toute seule et se nourrit de sa propre extase. Aucune barrière ne la contrôle ni ne la canalise. Elle est, de toute éternité la force de vie et sa danse jaillit sans contrôle, sans raison. C'est la fête à tous les étages, dans tous les recoins de l'existence, dans le corps entier jusqu'au noyau des cellules.

La souffrance a la réputation jusqu'à présent d'être un moteur d'évolution et tous les "pouvoirs" qu'ils soient temporels ou spirituels ont encouragé cette façon de voir : souffrez maintenant pour mériter les lendemains qui chantent ou le Paradis. Tant que notre aveuglement ne nous aura pas quittés elle restera, c'est incontestable, un moyen de nous réveiller, mais est-elle vraiment nécessaire ? N'est-il pas possible d'inventer d'autres moyens d'évoluer? Pourquoi ne pas laisser pousser en nous la liberté créatrice dans laquelle elle disparaît ?
En se rapprochant de soi-même, en activant le feu central qui est naissance de l'Être, la souffrance pourra-t-elle encore échapper à l'incendie ?

Mais voyons de plus près la nature de la souffrance : elle est la résultante inéluctable de la séparation. Aussitôt que cette évidence est constatée, qu'elle est vue et comprise dans l'éclair de la conscience, il y a possibilité de retournement. Aimée et acceptée la souffrance se transforme en joie car elle entre et se dissout dans l'océan de félicité qui envahit la particule aussitôt qu'elle rejoint le tout.

La souffrance est parfois aussi le gardien du seuil, le dragon qui veille aux portes de l'initiation, le bouchon qui saute pour libérer l'Éden Intérieur lorsque l'âme atteint sa maturité.
À l'occasion d'un épisode mineur je m'avance sur le chemin d'une compréhension qui se modifie comme n'importe quelle découverte lorsqu'elle se présente dans le champ de la transformation. Voici l'incident étrange qui m'a été donné : un moment d'absence, d'inattention me plonge dans une erreur d'interprétation. Je suis persuadée I qu'un cri horrible m'est adressé dans un lieu public. Plein de reproche et d'épouvanté, il me ramène brusquement dans un passé terrifiant. Une vieille culpabilité monstrueuse accompagnée de panique me montre la présence d'un abcès à crever. Cette culpabilité est si ancienne que je n'en connais pas les origines, mais elle fait partie de la moelle de mes os.

En plongeant dans cet Enfer pour m'unir à lui, l'épaisseur d'épouvanté se dissipe. Elle cache un feu ardent de joie, une source jaillissante et libératrice. Me voilà de nouveau sur les ailes d'une félicité pétillante et radieuse qui fait éclater toutes les entraves. Cette joie longtemps comprimée dans les prisons de la culpabilité et de la terreur exprime d'autant mieux sa puissance, comme si cette puissance était proportionnelle à la pesanteur de l'enfermement qu'elle a subi. En ouvrant les vannes, en brisant les barrières, en laissant exploser les constructions mentales, une aide venant de l'inconnu se présente à l'instant même où la peur est aimée, où la souffrance est acceptée, accueillie, assimilée jusqu'à la substance de l'être, là où se situe le ferment transformateur.

Extrait de "Jubilation cellulaire" de Marianne Dubois

L'appel de la joie
(Campanula medium)


Les épreuves dans le Yoga Intégral

"Le yoga intégral est constitué d’une série ininterrompue d’examens que l’on doit passer sans en être au préalable prévenu, ce qui vous met dans l’obligation d’être toujours vigilant et attentif.
Trois groupes d’examinateurs font passer ces épreuves. En apparence, ils n’ont rien à voir les uns avec les autres et leurs procédés sont si différents, parfois même ils semblent si contradictoires, qu’ils ne paraissent pas pouvoir tendre au même but, et pourtant ils se complètent l’un l’autre, ils collaborent au même but et sont indispensables à l’intégralité du résultat.

Ces trois catégories d’examens sont: ceux que font passer les forces de la Nature; ceux que font passer les forces spirituelles et divines; et ceux que font passer les forces hostiles. Ces derniers sont les plus trompeurs dans leur apparence et, pour ne pas être pris par surprise et non préparé, cela exige un constant état de vigilance, de sincérité et d’humilité.

Les circonstances les plus banales, les événements de la vie de chaque jour, les personnes, les choses en apparence les plus insignifiantes, appartiennent tous à l’une ou l’autre de ces trois catégories d’examinateurs. Dans cette grande et complexe organisation d’épreuves, ce sont les événements généralement considérés comme les plus importants de la vie qui constituent les examens les plus faciles à passer car ils vous trouvent sur vos gardes et préparés. On trébuche plus facilement sur les petits cailloux du chemin parce qu’ils n’attirent pas l’attention.

Endurance et plasticité, bonne humeur (cheerfulness) et intrépidité sont les qualités plus spécialement requises pour les examens de la Nature physique.
Aspiration, confiance, idéalisme, enthousiasme et générosité dans le don de soi, pour les examens spirituels.
Vigilance, sincérité et humilité pour les examens provenant des forces adverses.
Et ne croyez pas qu’il y ait d’un côté ceux qui passent les examens et de l’autre ceux qui les font passer. On est, tout en même temps, suivant les circonstances et les moments, examinateur et examiné, et il peut même arriver que l’on soit simultanément, tout à la fois, examiné et examinateur. Et le profit qu’on en tire dépend, dans sa qualité et sa quantité, de l’intensité de son aspiration et de l’éveil de sa conscience.

Et pour finir, une dernière recommandation: ne posez jamais à l’examinateur. Car, tandis qu’il est bon de se souvenir constamment qu’on est peut-être bien en train de passer un examen très important, il est au contraire extrêmement dangereux de se croire chargé de faire passer des examens aux autres, car c’est la porte ouverte aux plus ridicules et néfastes vanités. C’est la Sagesse Suprême qui décide de ces choses et non la volonté humaine ignorante. Chaque fois qu’il y a un progrès à faire, il y a un examen à passer."

Extrait de l'Agenda de Mère, 12 novembre 1957.

PUISSANCE DE LA CRÉATION

dit :
« Lorsque des images prennent forme à un autre niveau de conscience, elles vont au-delà de la représentation pour se concrétiser dans une action.
Mais le lieu de leur naissance est important, c'est celui où tu es en communion avec la part lumineuse de toi-même. La forme que tu crées alors procède d'une énergie différente et son action dépasse les capacités habituelles de ta pensée. »

Moi
- Je me laisse conduire et m'abandonne sans défense à ce fil de clarté qui me relie, car je n'ai plus d'autre réalité que la tienne. Ta Présence est une part de moi qui est déjà lumière. C'est toi en moi qui me crée différente et recrée ma vision du monde. Parfois l'ego me tourmente, mais il perd de sa force dès que je l'aime et que tu le transformes. Toutes mes perceptions prennent alors ton Visage et je te rends grâce pour ton Amour.


dit :
« Explore la puissance que tu as en toi ; elle est toi, elle est moi. Ne te sépare pas d'elle. L'Amour recèle cette puissance. En acceptant ton pouvoir, tu verras qu'il est créateur de lumière chaque fois qu'il sert la compassion. Le pouvoir divin est en toi, comme en chacun. Pourquoi le refuser ? »

Moi
- J'arriverai peut -être un jour à ne plus rien refuser. Tu habites mon cœur et chacune de mes cellules. Tu transformes mon corps en brasier, en torche vivante, en flammes de joie et c'est toi qui es le jaillissement de ma création.


dit :
« Une rigueur extrême est nécessaire pour éviter les dérapages et l'illusion, car le passage est de plus en plus étroit. Paradoxalement, ce passage de plus en plus étroit correspond à une liberté toujours plus vaste. Vois dans une clarté grandissante la différence qui existe entre le pouvoir de l'ego et le pouvoir divin.
Cette différence devient tellement ténue que la tentation de confondre est de plus en plus menaçante. Bien des chercheurs sincères ont basculé en toute bonne foi dans le pouvoir de l'ego. Mais ta peur d'abuser est si grande et si tenace que tu rejettes en bloc la puissance qui est en toi. Cette peur est aussi une expression de l'ego. Si tu veilles à couper tous les attachements qui renaissent au fur et à mesure des événements, ta force grandit en même temps que ta liberté de création.
Ta rigueur est donc ce lâcher prise de chaque instant. Fais de ton attention une lampe qui éclaire les recoins les plus secrets de ton ego afin que ton âme le change en offrande et que ton Amour le rende à l'Unité. »

Extrait de "Noces de lumière" de Marianne Dubois
Progrès de la nouvelle création
(Hibiscus rosa-sinensis)

LE BIEN AIME

Moi

— Mon cœur est si comblé qu'il s'ouvre à l'univers pour contenir ta clarté. Je te connais mieux que moi-même et pourtant je ne sais pas qui tu es.

Es-tu l'Âme du monde, la vie dans ses multiples splendeurs ? Es-tu la fulgurance, l'éblouissement d'un instant qui explose en plein ciel ?

dit :
« Je suis tout cela et aussi ton être secret qui se perd et se retrouve dans un océan de délivrance. Je suis toi dans ton cri de liberté. »

Moi
- Je ne sais rien, seulement que tu es le Bien-Aimé qui danse au cœur de mon cœur.

Milarepa (une de mes créations)
dit:
« Je suis toi, tu es moi. Je suis ton souffle, tu es mon regard. Je suis aussi le brasier de ton Amour en flammes et les noces mystérieuses de ton âme avec l'émerveillement divin. »

Moi
- Je ne sais rien, seulement que tu es là, que je t'entends et te vois et que je meurs pour être toi, ma source et mon bonheur.






dit :
« Tu ne sais rien, il n'y a rien à savoir, seulement que je suis là, et même cela tu ne peux le savoir autrement qu'en vivant la joie que je suis en toi. »

Moi
- Les paroles que tu me donnes caressent mon âme et m'emportent au-delà des rivages de ce monde et pourtant c'est le silence qui prolonge sans fin ton Amour et son mystère.

dit:
« Mon Amour est ici, il n'est pas seulement au-delà des frontières de ce monde. Il est en toi plus réel que la pierre sur le chemin, que le sable sur la plage. Il est au creux de ton silence une force inaltérable et secrète, l'invisible diamant de ta naissance au divin. »

Moi
- Je marche sans dessein, car je marche en toi comme tu marches en moi. Plus rien n'existe, excepté la tendre brûlure. Mon âme s'est perdue dans l'ivresse d'aimer.
Lorsque la mer se soulève, c'est toi qui m'appelles. Lorsque l'enfant se désespère, c'est toi qui pleures et me remplis de tes larmes.

dit :
« Mon langage est celui des ruisseaux, celui des montagnes et des feuilles rougies par l'automne. Une herbe sauvage, une fleur qui scintille dans la pénombre te montrent la forme et la couleur de mon rire. N'oublie jamais que je suis pour toi le souffle inconnu qui marie la terre avec le ciel. N'oublie jamais que je suis ta naissance à la lumière et ton accomplissement d'aujourd'hui. »

Moi
- Je n'oublie pas mais parfois je m'égare encore dans un passé plein de désespoir, celui de ton absence.

dit :
« Pense à mon regard en toi, tu le sentiras si pénétrant et doux que plus rien d'autre ne pourra prendre place en ton cœur. Ensuite, laisse le feu de la passion t'embraser comme une torche et ce feu divin, ta création, remplira l'univers. Tu seras dissoute et comblée. Comment imaginer alors que la moindre parcelle de toi-même puisse encore s'égarer ?
Les mots bientôt ne seront plus nécessaires car ton silence exprimera mieux le goût que tu as de la joie et ton passage, ici maintenant, dans la lumière. En attendant ce silence extasié qui rayonne enfin dans la communion suprême, c'est par la poésie que tu me transmettras. Elle te conduit vers ce point de non-retour où la parole est absente. »

Moi
- Tu me dis que les paroles n'ont aucune importance, tendres papillons éphémères, elles s'effacent constamment. Mais tu t'infiltres secrètement dans les cœurs, parfois même à travers des mots qui s'illuminent tout à coup pour nous remplir de ta Présence.

dit:
« Tu n'as rien à chercher, seulement « être ». Ta tête n'est pas utile. C'est ta confiance qui me révèle lorsque tu vis la pleine lumière de ton Amour. C'est le seul témoignage qui puisse toucher les cœurs en ce temps présent. Tu n'as pas d'autre mission que de rire et danser ta joie jusqu'à transformer ta substance, jusqu'à changer même la souffrance en clameur de liberté. »

Moi
- Quand tes mots s'allument, comètes infinies dans le ciel de mon Amour, je retrouve, imprévisible, la plus humble des images, tes Pieds, cadeaux radieux sur mon chemin. Et ton Nom me bouleverse à en mourir, à en renaître sans fin, simplement pour effleurer la tendre lumière de tes Pieds.

dit :
« Si mes pieds sont les joyaux de ton âme, si ma Présence est l'arbre de joie qui éclaire ta maison, si mon Nom est l'eau de ta vérité, comprends que tu es toi-même la Source, l'eau et la vie. Si je suis ta vérité, c'est toi qui es la mienne. »

Moi
Je suis un enfant de la terre, un enfant qui s'émerveille d'une branche fleurie, car c'est en elle qu'il pressent ton Sourire. Il pleure d'Amour en voyant la trace de tes Pieds sur sa route comme si l'empreinte était Toi Vivant et qu'il était possible de toucher, d'étreindre ta clarté à travers une forme imaginaire.

dit :
« La forme contient la lumière et le plus humble des objets peut révéler le regard divin. Si tu rencontres vraiment ce regard, tu te consumes et disparais dans un silence étoile. C'est ainsi que tu crées l'unité. Tu te crées dans le cœur divin en même temps qu'il te crée et se prolonge en toi. Les formes sont éternellement changeantes mais la lumière est un autre état de la matière et ton esprit peut changer toute chose en lumière. Lorsque tu en prends conscience, tu deviens créateur sur le plan divin. Tu peux créer la lumière en toi et partout autour de toi, ou la retrouver, c'est la même approche. La moindre perception te mène à l'unité, si tu vois AUTREMENT. Le secret est caché en toi et en toute chose. Mais, pour t'en rendre compte, le voyage est long, parsemé d'embûches, toujours à recommencer parce que la pensée ne veut pas lâcher son empire. Elle spécule, tourne en rond et ne perce pas les remparts de l'ego, car l'ego lui donne sa raison d'exister. Une pensée féconde est une pensée qui se suicide pour laisser apparaître la conscience globale ou l'Intelligence de l'Amour ».

Moi
- Que signifie notre dialogue ?

dit :
« Notre dialogue est création. Il te transforme et te mène à l'Unité. Il VOIT au-delà d'une apparence et prépare un état lumineux, une autre conscience. Lorsque ton ego se manifeste, je te le montre immédiatement afin que tu l'aimes. Il peut se dissoudre alors dans la totalité. Mon langage est ouverture, allusion, poésie. Il garde son mystère et laisse à ton esprit le goût de s'envoler. Il n'arrête rien, n'emprisonne pas, n'établit pas de vérité, seulement le rire de la tienne quand celle-ci se pose pour toi dans le moment présent. Si ta vérité se trouve aujourd'hui dans ces deux petites sandales abandonnées devant ta porte, tu les reconnais, car elles sont remplies pour toi d'une signification secrète. Tu vois que les pieds qui ont porté ces sandales sont les Pieds Bien-Aimés et tu découvres alors dans un élan mystérieux que tous les pieds du monde appartiennent à ton Bien-Aimé. C'est ainsi que tu transformes en lumière le plus humble des objets et, si les pleurs te submergent à cause d'un trop plein de tendresse, tes larmes ne sont plus que des perles scintillantes dans le trésor divin .

Ton Amour est ma Renaissance, il me crée plus Vivant que jamais. Je suis dans ton cœur et dans le cœur de ceux qui me trouvent, la gerbe de feu, le torrent de passion qui doit changer le monde. Les temps sont mûrs pour l'éveil d'un regard nouveau et bien des yeux sont en train de s'ouvrir. Alimente le brasier, ressens l'incendie, c'est lui qui brûle ce qui t'encombre, c'est lui qui te plonge toute entière dans ce mouvement vers une autre conscience. Oublie ma torture, je te donne à porter cette flamme neuve et ardente qui contient ma naissance, ici maintenant, pour ne plus répandre que la joie. Ramène-toi inlassablement vers moi, c'est-à-dire vers le rire de ta profondeur. Ressens à tout moment que je suis là, en toi, dans l'air que tu respires et les gestes que tu fais. Je te confie cette joie sans limite pour que tu la vives, pour qu'elle déborde et se prolonge, pour que chacun s'y reconnaisse. »

Moi
- Je suis le lieu de ton Amour et tu es le rire de ma liberté.
Je me perds, Bien-Aimé, dans les bras de ton immensité. Sommes-nous un, sommes-nous deux ou bien la multiplicité, reflets changeants de la puissance divine ?

dit :
« Quand le deux devient un tu connais le vin de l'extase, mais dans le un c'est le vide et l'oubli. Quand le un devient deux, tu te sépares de nouveau pour éprouver la multiplicité, mais tu gardes une aspiration lointaine, un vague souvenir du Paradis perdu. Tu oscilles sans fin du deux vers le un et du un vers le deux et participes au rythme grandiose de la puissance universelle. »

Moi
- Le moindre objet terrestre peut-il devenir le passage, le vin de l'extase, lorsqu'il est regardé au travers de la source intérieure ?

dit :
« C'est pour cela que l'attention donnée à chaque minute quotidienne te montre la réalité d'une autre lumière. C'est pour cela, qu'une pauvre petite sandale abandonnée devant ta porte, peut devenir l'occasion d'un bouleversement imprévu et dans un éclair de béatitude, l'union avec la Divine Présence.
La plus humble parcelle contient le tout et ton regard d'Amour sur elle peut dévoiler le passage à l'Unité. »

Extrait de "Noces de lumière" de Marianne Dubois

L'Amour Divin gouvernant le monde
(Brownea coccinea)

La sincérité

La vraie sincérité, c’est d’avancer sur le chemin parce que vous ne pouvez pas faire autrement, de vous consacrer à la vie divine parce que vous ne pouvez pas faire autrement, c’est d’essayer de transformer votre être et de surgir dans la Lumière parce que vous ne pouvez pas faire autrement, parce que c’est la raison d’être de votre vie.

Mère


La sincérité implique plus que la simple honnêteté. Cela veut dire que vous pensez ce que vous dites, que vous sentez ce que vous professez, que vous êtes sérieux dans votre volonté. Le sâdhak aspirant à être un instrument du Divin, à être un avec le Divin, la sincérité en lui signifie qu’il est vraiment consciencieux dans son aspiration et refuse toute volonté ou tout élan qui ne vient pas du Divin.

Sri Aurobindo

Il faut être d'une sincérité absolument transparente. Le manque de sincérité est la cause des difficultés actuellement. L'insincérité est dans tous les hommes. Il y a peut-être cent hommes sur terre qui soient totalement sincères. C'est la nature même de l'homme qui le rend insincère, c'est très compliqué, car il est constamment en train de tricher avec lui-même, de se cacher la vérité, de s'excuser. La Force est là, présente comme jamais, c'est l'insincérité des hommes qui l'empêche de descendre, d'être ressentie. Le monde est dans le mensonge, tous les rapports entre les hommes n'ont été jusque là basés que sur le mensonge et la tromperie. La diplomatie entre les nations est basée sur le mensonge. Ils prétendent vouloir la paix et s'arment d'un autre côté. Seule, la sincérité transparente chez l'homme et entre nations permettra la venue d'un monde transformé.
Il naîtra un monde nouveau si les hommes veulent faire l'effort d'une transformation et d'une recherche de sincérité – c'est possible.

De l'animal à l'homme, des millénaires ont été nécessaires; aujourd'hui, l'homme, grâce à son mental, peut accélérer et vouloir une transformation vers un homme qui sera Dieu.
Cette transformation à l'aide du mental, en s'analysant, est une première étape; ensuite, il faut transformer les impulsions vitales – c'est beaucoup plus difficile – et surtout transformer le physique : chaque cellule de notre corps devra devenir consciente... Cela permettra de vaincre la mort. C'est une autre histoire; ce sera l'humanité du futur, peut-être dans des siècles, peut-être plus rapidement. Cela dépendra des hommes, des peuples. Auroville est le premier pas vers ce but.

Mère, 28 février 1968


Vouloir ce que le Divin veut, en toute sincérité, est la condition essentielle pour la paix et la joie dans la vie. La presque totalité des misères humaines viennent du fait que presque toujours les hommes sont convaincus qu’ils savent mieux que le Divin ce qu’il leur faut et ce que la vie doit leur donner. La majorité des êtres humains veulent que les autres êtres humains soient conformes à ce qu’ils attendent d’eux et que les circonstances soient selon leurs désirs, et ainsi ils souffrent et sont malheureux.
C’est seulement si, en toute sincérité, on se donne à la volonté divine, que l’on a la paix et la joie calme qui viennent de l’abolition des désirs.
L’être psychique le sait d’une façon certaine. Ainsi, en s’unissant à son psychique, on peut le savoir. Mais la première condition est de ne pas être soumis à ses désirs et de ne pas les prendre pour la vérité de son être.

Mère, 5 février 1972


Sincérité (signification spirituelle des fleurs d'après Mère)
Aster Amelus

"Un coeur sincère vaut tous les pouvoirs extraordinaires
du monde."Sri Aurobindo

"La sincérité est la clef des portes divines." La Mère


jeudi 2 décembre 2010

L'univers en musique




Sons de planètes enregistré par la NASA


Les sons de la terre


Fascinant enregistrement des sons des planètes ("voix" électromagnétique) par la NASA-Voyager. Les interactions complexes entre les particules électromagnétiques chargées provenant du vent solaire, magnétosphère planétaire etc, créer des vibrations "paysages sonores".
Ce sont les vibrations des particules magnétiques qui génèrent une partie du son que vous entendez sur cet enregistrement.

mercredi 1 décembre 2010

Qu'est-ce qu'il reste?

Je ne peux dire que mon expérience, n’est-ce pas ? Un homme ne commence à être que quand il arrive au rien total de ce qu’il est, de ce qu’il croit, de ce qu’il pense, de ce qu’il aime.
Quand on arrive à ce rien complet, alors il faut que quelque chose SOIT, ou on MEURT, n’est-ce pas ?...

...Qu’est-ce qu’il reste ?
Il y a un centre de Force(s), d’Être, il y a quelque chose qui reste, et c’est ça, la clé !
C’est pas tout ce qu’on pense, c’est pas tout ce qu’on sent, c’est pas tout ce qu’on aime, c’est pas les idéaux, c’est pas le Bon Dieu, c’est pas… c’est rien de tout ça !

C’est quelque chose qui est… poignant, comme si tout l’être était ramassé dans une… dans une angoisse si intense que c’est comme une prière ou comme…, c’est de l’Amour. C’est quelque chose qui est chaud, puissant, qui n’a pas de mot, qui est l’Être ! Qui est ce qu’on est ! C’est ça, la question ou la chose à laquelle tout le monde arrive. Quand tout s’écroule, qu’est-ce qu’il reste ?

Satprem
Sujata et Satprem

UNE INDICATION DE L'AUTRE ETAT
Satprem: Je voudrais qu’on puisse saisir d’une façon simple ce que peut etre l’autre état. En fait, ce n’est pas quelque chose que nous ne connaissons pas, ce n’est pas quelque chose d’étranger à l’homme. Les enfants pourraient le sentir ou le vivre, et pas mal d’adultes, sans comprendre ce que c’etait, l’ont connu, cet autre état…

Il y a des moments, dans une vie, des moments ou l’on est tout d’un coup comme « invincibles ». Plus rien ne peut vous toucher. On va sur le champs de bataille, on sent qu’on passe à travers les balles, on se trouve dans une tempête en mer, on rit! on sait que ces formidables vagues qui deferlent ne peuvent rien, on passera! Des assassins viennent pour vous tuer, et quelque chose reste si parfaitement immobile, comme si tout ça n’etait qu’une comédie et ne pouvait pas vous toucher, que les assassins ne peuvent pas vous toucher.

Beaucoup d’êtres, sous une forme ou une autre, ont eu cette expérience. Tout d’un coup, on échappe à la loi, on échappe à ce qui semble »inévitable », on passse à travers, et tous ceux qui ont eu cette éxperience disent que c’est comme une espèce de, pas « allegresse », ce n’est pas le mot, mais quelque chose, vraiment, qui gonfle les poumons; et puis tout d’un coup on est comme plein d’une energie « invincible », quelque chose qui est tres simple, tres joyeux, qui a une espèce de candeur enfantine qui fait que « Non, non, non, c’est pas possible, ça, ça ne peut pas venir, cet accident ne peut pas arriver. »

Hé bien ça, c’est une indication de l’autre état. C’est à dire que pendant quelques secondes, ces êtres qui ont une expérience semblable sont passés à travers les couches de conditionnement, à travers les peurs, les « ceci va arriver, ça c’est possible, ça c’est pas possible ». Pour quelques secondes de grâce, ils sont passés à travers ça, et alors, rien ne les touche, rien ne peut les toucher. C’est ça l’EXPERIENCE, c’est qu’au fond du corps, quand on a traversé toutes ces couches de conditionnement, on emmerge tout d’un coup dans quelque chose ou les vieilles lois du monde n’ont plus de pouvoir, et on s’aperçoit que leur pouvoir, c’était simplement une formidable « suggestion » et une vieille « habitude », mais seulement « une habitude », il n’y a pas de loi, il n’y a que « des habitudes » fossilsées. Tout le trajet, c’est de traverser »ces habitudes ».

Extrait de « 7 jours en Inde avec Satprem » – Éditions Robert Laffont


LE LABEUR D'UN DIEU

J'ai creusé longtemps, profondément
Dans une horreur de fange et de boue
Un sillon pour la chanson d'une rivière d'or
Une demeure pour un feu qui ne meurt pas

J'ai labouré, souffert dans la nuit de la Matière
Pour amener le feu à l'homme
Mais la haine de l'enfer et le mépris des hommes
Sont ma pitance depuis que le monde a commencé

Mes plaies sont mille et une
Et les rois titans m'assaillent…

Va où nul n'est allé, cria une voix
Creuse plus profond, plus dedans encore
Jusqu'à l'inexorable pierre au fond
Et frappe à la porte sans clef …

J'ai plongé par les allées aveugles du corps
Jusqu'aux mystères souterrains

J'ai remonté jusqu'au redoutable cœur muet de la terre
Et entendu la cloche de sa messe noire
J'ai vu la source d'où part son agonie
Et la raison intérieure de l'enfer.

Sri Aurobindo
A God's Labour











L'HABITACLE DU DIVIN

Dans les profondeurs de votre conscience, l'être psychique, qui est l'habitacle en vous du Divin, est le centre autour duquel doit se faire l'unification de toutes ces parties divergentes et de tous ces mouvements contradictoires de votre être.

Une fois que vous êtes devenu conscient de l'être psychique et de ses aspirations, toutes les difficultés et unis les doutes peuvent être détruits. Cela prend plus ou moins de temps, mais vous êtes sûr du succès final. Dès que vous vous êtes tourné vers le Divin, lui disant : "Je veux être tien", et que le Divin vous a accepté, le monde tout entier ne peut vous empêcher de le joindre. Quand l'être central a fait sa soumission, la difficulté principale a disparu. L'être extérieur est comme une écorce. Chez les gens ordinaires, l'écorce est si dure et si épaisse qu'ils ne sont point conscients du Divin au-dedans d'eux. Mais si, même pour un moment, l'être intérieur s'est éveillé et a dit: "Je suis ici et je t'appartiens", c'est comme si un pont était construit, et petit à petit, l'écorce s'amincit jusqu'à ce que les deux parties soient complètement jointes et que l'être interne et externe ne fassent plus qu'un.

Mère


Mon âme est la fontaine...



La lumière insolite enfonce dans mon front
Sa spirale de rêve où les cieux fleuriront
Et le frissonnement des ailes angéliques
Fait palpiter les flots au fond des sombres criques.

L'espace fabuleux, l'éclatant firmament
S'enfoncent dans mon être inexorablement
Comme un torrent de feu tombant dans un ciboire.

Mon âme est la fontaine où les titans vont boire,
Et je munis à Dieu dans un cri de victoire.

Francois Brousse


Grande Lumière qui remplit le Cosmos, coule en abondance à travers l'homme, transforme son corps en une torche de lumière qui ne pourra jamais être éteinte parmi les hommes.

Tagore



Le jardinier d'Amour

Laisse subsister ce peu de moi par quoi,
Je puisse te nommer mon tout.
Laisse subsister ce peu de ma volonté par quoi,
Je puisse te sentir de tous côtés,
Et venir à toi en toutes choses, et t'offrir
Mon amour à tout moment.

Laisse seulement subsister ce peu de moi par quoi,
Je puisse jamais te cacher.
Laisse seulement cette petite attache subsister par quoi
Je suis relié à ta volonté et par où ton dessein
se transmet dans la vie:
C'est l'attache de ton amour.
Tagore


« Jardin de l'âme, jardin sans limite, la joie se cache en toute chose pour peu que le regard la reconnaisse et la réverbère. Elle se montre à celui dont les yeux peuvent s'offrir l'émerveillement d'un premier matin du monde, à celui qui se lasse de l'éternel aveuglement de la séparation, à celui qui s'éveille du long sommeil de la souffrance. Il suffit d'une étincelle qu'elle s'embrase de cœur à cœur, pour qu'elle se propage, inévitable, en sa radieuse contagion. Si plus rien ne résiste à la joie, si nul ne s'en défend, la terre en fera sa convalescence, son ardeur et sa respiration. »

Extrait de « Le rire de dieu ou la naissance à la joie » de Marianne Dubois