lundi 7 novembre 2016

Mirra Alfassa

Elle s'appelait Mirra Alfassa mais à Pondichéry on l'appelait la Mère. Née en France en 1878 de parents égyptien et turque de confession juive, après des études de peinture à Paris, elle s’intéresse aux sciences occultes alors en vogue en Europe. D’esprit indépendant, elle n’hésite pas à divorcer d’un premier mari peintre et voyage avec son deuxième mari diplomate à travers le monde. C’est en Inde, à Pondichéry, qu’elle rencontre le gourou hindouiste Sri Aurobindo. Elle a alors 43 ans et c’est pour elle une révélation. Elle quitte son deuxième mari pour s’installer définitivement en Inde auprès du sage assigné à résidence à Pondichéry pour activités anticolonialistes. Consacrée "Mère divine" par Sri Aurobindo, elle crée avec lui à un Ashram à Pondichéry, lui donnant vite une dimension internationale. En 1968, elle fonde Auroville, un projet de ville idéale, à 5 kilomètres de l’Ashram. En 1973, elle meurt à l’âge de 93 ans, vénérée par des milliers de disciples en Inde comme à l'étranger. Une vie épique, singulière et controversée, entre deux mondes et deux religions.



Mirra, la Mère de Pondichéry from Laure Poinsot on Vimeo.

samedi 13 août 2016

Les portes du nouveau monde



 EXTRAIT de la GENESE du SURHOMME.
 
Il y a ce feu d'être qui ouvre les portes du nouveau monde….

Mais ce corps au début, n'est qu'une petite étincelle; sa masse ardente, une flamme vacillante qui parfois s'allume et souvent s'éteint, et qu'il faut rallumer encore et encore; C'est un petit cri de suffocation dans la nuit du monde, un besoin d'on ne sait quoi qui se promène avec nous, monte et descends nos méandres, qui nous suit tenacement comme une mémoire d'autre chose, comme un souvenir doré dans la grisaille des jours, comme un appel d'air, un besoin d'espace, un besoin d'aimer, un besoin d'être vrai. Et il grandit ce feu , ce cri:

L'homme est une étroite passerelle, un appel qui grandit (Sri Aurobindo, more poems).
C'est d'abord une petite flamme dans le mental, quelque chose qui tâtonne vers une inspiration plus vaste, une vérité plus grande, une connaissance plus pure, et qui monte, qui monte, qui voudrait même couper toutes les lourdeurs du monde, les entraves, les attaches, les encombrements de la terre, qui s'élève et débouche parfois, pure, aigüe, sur des sommets de lumière blanche où tout est à jamais connu et vrai -- mais la terre, elle, reste fausse; la vie, le corps restent dans la mêlée obscure, et meurent et se décomposent. Alors cette petite flamme blanche commence à prendre dans le cœur: elle voudrait aimer, guérir, sauver, et elle tâtonne ici, tâtonne là, aide le prochain, secourt, se donne et chante quelque chose qui voudrait tout embrasser, tout contenir et prendre la vie entière dans son cœur.Déjà, c'est une flamme plus chaude, plus dense, mais ses minutes d'embrasement sont comme une pâle luciole fragile sur un océan de vie obscur, à chaque instant elle est étouffée, noyée sous la vague et sous nos propres vagues d'obscurité -- rien n'est changé et la vie continue sa ronde.
Alors le chercheur veut faire entrer ce feu, cette vérité ardente dans chaque instant et dans chaque geste, dans son sommeil et dans ses jours, dans son mal et dans son bien, dans toute la vie, et que tout soit purifié, dévoré par ce feu -- que quelque chose d'autre naisse enfin, une vie plus vraie, un être plus vrai. Il entre sur la voie du surhomme. Et ce feu grandit encore, il descend, descend les étages de l'être, s'enfonce dans les caves subconscientes, déloge l'elfe gris, déloge la misère dedans, et brûle de plus en plus continûment, puissamment, comme attisé par la pression obscure.
C'est déjà presque un corps à notre semblance et c'est d'une couleur rouge-vermillon qui déjà tire sur l'or. Mais c'est encore fluctuant et précaire, il manque une assise fondamentale, une base de permanence. Alors le chercheur veut faire entrer ce feu dans sa substance et dans son corps, il veut que sa matière reflète la Vérité, incarne la Vérité, il veut que ça rayonne dehors comme au-dedans.
Il entre sur la voie de l'être supramental. Car en vérité ce moi de feu qui grandit, ce corps ardent qui ressemble de plus en plus à notre archétype divin, à notre frère de lumière sur les hauteurs, qui semble nous déborder de toutes parts et même rayonner autour dans une vibration déjà orange, est le corps même qui formera l'être supramental. C'est la prochaine substance de la terre: "plus dure que le diamant, et pourtant plus fluide qu'un gaz ", C'est la condensation spirituelle de la grande Energie avant qu'elle se transforme en matière.
Mais comment engrener ce feu dans notre matière, comment opérer le passage ou la transfusion de ce corps obscur et mortel à ce corps ardent et immortel ? 
L'expérience est en cours, il est difficile d'en parler, personne ne saura vraiment comment cela se fait jusqu'à ce que ce soit fait. Nul ne connait le pays ni le chemin puisque personne n'est jamais allé là, personne n'a jamais fait un corps supramental !
Mais ce sera fait, aussi inévitablement que l'homme et le singe, et le mille-pattes, étaient déjà faits dans la grande Semence d'or du monde. C'est la dernière aventure de la terre, ou peut-être la première d'une série plus merveilleuse sur une nouvelle terre de vérité. 

Satprem


mardi 19 juillet 2016

La liberté, l'égalité et la fraternité



" La liberté, l'égalité et la fraternité sont trois divinités de l'âme ; elles ne peuvent pas vraiment se réaliser par les mécanismes extérieurs de la société, ni par l'homme tant qu'il vit seulement dans l'égo individuel et dans celui de la communauté .

Quand l'égo réclame la liberté, il arrive à un individualisme compétitif. Quand il revendique l'égalité, il arrive d'abord au conflit, puis il tente de fermer les yeux sur les variations de la Nature et ne connait d'autre moyen que de bâtir une société artificielle et mécanique .

Une société qui cherche la liberté comme idéal, est incapable d'arriver à l'égalité ; une société qui cherche l'égalité sera obligée de sacrifier la liberté . Et parler de fraternité à l'égo, c'est parler d'une chose contraire à sa nature. Tout ce qu'il connait, c'est une association à la poursuite de fins égoïstes communes ; tout ce qu'il est capable de réaliser, c'est une organisation plus rigoureuse afin de répartir également le travail, la production, la consommation et les plaisirs .

Et pourtant, la fraternité est la clef du triple évangile de l'idée d'humanité. L'union de la liberté et de l'égalité ne peut s'accomplir que par le pouvoir de la fraternité humaine ; elle ne peut se fonder sur rien d'autre. Mais la fraternité n'existe que dans l'âme et par l'âme ; elle ne peut exister par rien d'autre. Car cette fraternité n'est pas affaire de parenté physique ni d'association vitale ni d'accord intellectuel .

Quand l'âme réclame la liberté, c'est la liberté de se développer, de développer le divin dans l'homme et dans tout son être. Quand elle réclame l'égalité, ce qu'elle veut, c'est cette même liberté également pour tous, et la reconnaissance d'une même âme , une même divinité dans tous les êtres humains. Quand elle cherche la fraternité, elle fonde cette égale liberté de développement sur un but commun, une vie commune, une unité de pensée et de sentiment, elle-même fondée sur la reconnaissance de l'unité spirituelle intérieure .

En fait, cette trinité constitue la nature même de l'âme ; car la liberté, l'égalité et l'unité sont les attributs éternels de l'Esprit . Reconnaître pratiquement cette vérité, éveiller l'âme dans l'homme et tenter de le faire vivre dans son âme et non dans son égo, tel est le sens intérieur de la religion, et c'est à cela que la religion de l'humanité doit parvenir également si elle veut se réaliser dans la vie de l'espèce.''

Sri Aurobindo, L'idéal de l'Unité humaine, 1919

jeudi 30 juin 2016

L'ORPAILLEUR




  La petite flamme a grandi sous les âges, elle est devenue racine et bête, elle est devenue homme et veut grandir encore. L'heure vient où elle se veut tout amour dans l'homme lui-même enfin. l'heure vient où il faut choisir de retourner aux vieilles catastrophes, ou au grand jour d'une autre conscience. Ah ! Nous sommes le lieu d'une bataille, nous sommes une aventure; il faut choisir ! Plus temps de s'évader, plus temps de chercher dans l'extérieur des choses, dans les temples séniles, les Ecritures, mais de transmuer tout. Plus temps d'inventer des systèmes, encore des systèmes, encore des évangiles, mais de rassembler toutes nos forces et de lancer notre foi très haut, comme un harpon de lumière pour crever le ciel de suie -- et tirer un Rayon d'or qui change la face des choses. Ah! Point nés pour tourner en rond dans les cycles aveugles ! Changeons la vague qui nous emporte en conscience qui roule les mondes -- une conscience qui se souvient dans un corps qui rayonne. Car en vérité, ce qui était au début doit se retrouver à la fin, non plus dans un éclatement solaire où tout est aboli, non plus dans un éclatement noir où tout est englouti, mais dans un corps radieux sur une terre accomplie, dans l'innombrable joie des formes qui expriment Dieu partout. Tout est joie, il faut se souvenir, se souvenir ! Elle est là, tranquille et sûre sous la peau noire des choses. Elle nous aime. Et je devine des profondeurs, des profondeurs sans fin, des étendues de conscience comme des mers frémissantes de soleils. Je sens cela tout proche, comme un sourire derrière un voile. Nous sommes au bord de quelque chose, la vie commence ! Rêvons divinement. Et la lumière dans un corps.
SATPREM

mardi 2 février 2016

Mahâsarasvatî



Mahâsarasvatî est la puissance de travail de la Mère et son esprit de perfection et d'ordre. La plus jeune des quatre, Elle est la plus experte en capacité d'exécution et la plus proche de la nature physique.

Maheshvarî trace les grandes lignes des forces mondiales, Mahâkâlî actionne leur énergie et leur impulsion, Mahâlakshmî révèle leurs rythmes et leurs mesures, mais Mahâsarasvatî préside au détail de leur organisation et de leur exécution, à la relation des parties entre Elles, la combinaison efficace des forces et l'exactitude infaillible dans le résultat et l'accomplissement.

La science, l'art et la technique sont du ressort de Mahâsarasvatî. Elle contient dans sa nature et peut toujours donner à ceux qu'Elle a choisis la connaissance intime et précise, la subtilité, la patience, l'exactitude de l'esprit intuitif et de la main consciente et le regard pénétrant du travailleur parfait.

Cette Puissance est la constructrice vigoureuse, infatigable, soigneuse et efficace, l'organisatrice, l'administratrice, la technicienne, l'artisane et la classificatrice des mondes. Quand Elle entreprend la transformation et la reconstruction de la nature, son action est laborieuse et minutieuse et, bien souvent, à notre impatience Elle semble lente et interminable. Mais Elle est persistante, intégrale et sans défaut. Car sa volonté dans le travail est scrupuleuse, vigilante et infatigable. Se penchant vers nous, Elle voit et touche chaque détail, découvre chaque infime défaut, lacune, perversion ou imperfection et considère et pèse exactement tout ce qui a été fait et tout ce qui reste à faire.

Rien n'est trop petit ni trop trivial en apparence pour son attention. rien ne peut lui échapper, si impalpable, si déguisé ou caché que ce soit. Façonnant et refaçonnant, Elle élabore chaque élément jusqu'à ce qu'il soit parvenu à sa forme vraie, mis à sa place propre dans l'ensemble et qu'il accomplisse son but précis. Dans sa constante et diligente organisation et réorganisation des choses, son regard est à la fois sur tous les besoins et sur la manière d'y faire face, son intuition sait ce qui doit être choisi et ce qui doit être rejeté, et détermine avec succès l'instrument propre, le temps propre, les conditions propres et l'opération propre.

Elle abhorre l'indifférence, la négligence et la paresse, tout travail bâclé, inconsidéré et équivoque, toute maladresse, tout à peu près et tout raté, toute adaptation fausse, tout mauvais emploi des instruments et des facultés. et de laisser un travail non exécuté ou à demi exécuté est pénible et étranger à sa nature. Quand son travail est achevé, rien n'a été oublié, mal placé, omis ou laissé dans un état défectueux. Tout est solide, précis, complet, admirable. 

Rien de moins qu'une parfaite perfection ne peut la satisfaire et Elle est prête à affronter une éternité de labeur si cela est nécessaire à la plénitude de sa création.
C'est pourquoi de tous les pouvoirs de la Mère, Elle est la plus endurante avec l'homme et ses milliers d'imperfections. Douce, souriante, proche et secourable, ne se détournant et ne se décourageant pas aisément, persistant même après l'insuccès répété, sa main soutient chacun de nos pas à condition que nous soyons droits, sincères et que nous n'ayons qu'une volonté. Car Elle ne tolère aucune duplicité et son ironie révélatrice est impitoyable au drame, au cabotinage, à l'illusion et à la prétention.

Une mère pour nos besoins, une amie dans nos difficultés, un conseiller et un mentor constant et tranquille, dissipant par son éclatant sourire les nuages de tristesse, de mauvaise humeur et de dépression, remémorant sans cesse l'aide toujours présente, montrant du doigt l'éternelle clarté du soleil, Elle reste ferme, calme et persévérante dans l'élan profond et continu qui nous pousse vers l'intégralité de la nature supérieure. Tout le travail des autres pouvoirs dépend d'Elle pour sa perfection, car Elle assure la base matérielle, élabore les détails, érige et rivette l'armature de la construction.

Sri Aurobindo, La Mère