samedi 13 août 2016

Les portes du nouveau monde



 EXTRAIT de la GENESE du SURHOMME.
 
Il y a ce feu d'être qui ouvre les portes du nouveau monde….

Mais ce corps au début, n'est qu'une petite étincelle; sa masse ardente, une flamme vacillante qui parfois s'allume et souvent s'éteint, et qu'il faut rallumer encore et encore; C'est un petit cri de suffocation dans la nuit du monde, un besoin d'on ne sait quoi qui se promène avec nous, monte et descends nos méandres, qui nous suit tenacement comme une mémoire d'autre chose, comme un souvenir doré dans la grisaille des jours, comme un appel d'air, un besoin d'espace, un besoin d'aimer, un besoin d'être vrai. Et il grandit ce feu , ce cri:

L'homme est une étroite passerelle, un appel qui grandit (Sri Aurobindo, more poems).
C'est d'abord une petite flamme dans le mental, quelque chose qui tâtonne vers une inspiration plus vaste, une vérité plus grande, une connaissance plus pure, et qui monte, qui monte, qui voudrait même couper toutes les lourdeurs du monde, les entraves, les attaches, les encombrements de la terre, qui s'élève et débouche parfois, pure, aigüe, sur des sommets de lumière blanche où tout est à jamais connu et vrai -- mais la terre, elle, reste fausse; la vie, le corps restent dans la mêlée obscure, et meurent et se décomposent. Alors cette petite flamme blanche commence à prendre dans le cœur: elle voudrait aimer, guérir, sauver, et elle tâtonne ici, tâtonne là, aide le prochain, secourt, se donne et chante quelque chose qui voudrait tout embrasser, tout contenir et prendre la vie entière dans son cœur.Déjà, c'est une flamme plus chaude, plus dense, mais ses minutes d'embrasement sont comme une pâle luciole fragile sur un océan de vie obscur, à chaque instant elle est étouffée, noyée sous la vague et sous nos propres vagues d'obscurité -- rien n'est changé et la vie continue sa ronde.
Alors le chercheur veut faire entrer ce feu, cette vérité ardente dans chaque instant et dans chaque geste, dans son sommeil et dans ses jours, dans son mal et dans son bien, dans toute la vie, et que tout soit purifié, dévoré par ce feu -- que quelque chose d'autre naisse enfin, une vie plus vraie, un être plus vrai. Il entre sur la voie du surhomme. Et ce feu grandit encore, il descend, descend les étages de l'être, s'enfonce dans les caves subconscientes, déloge l'elfe gris, déloge la misère dedans, et brûle de plus en plus continûment, puissamment, comme attisé par la pression obscure.
C'est déjà presque un corps à notre semblance et c'est d'une couleur rouge-vermillon qui déjà tire sur l'or. Mais c'est encore fluctuant et précaire, il manque une assise fondamentale, une base de permanence. Alors le chercheur veut faire entrer ce feu dans sa substance et dans son corps, il veut que sa matière reflète la Vérité, incarne la Vérité, il veut que ça rayonne dehors comme au-dedans.
Il entre sur la voie de l'être supramental. Car en vérité ce moi de feu qui grandit, ce corps ardent qui ressemble de plus en plus à notre archétype divin, à notre frère de lumière sur les hauteurs, qui semble nous déborder de toutes parts et même rayonner autour dans une vibration déjà orange, est le corps même qui formera l'être supramental. C'est la prochaine substance de la terre: "plus dure que le diamant, et pourtant plus fluide qu'un gaz ", C'est la condensation spirituelle de la grande Energie avant qu'elle se transforme en matière.
Mais comment engrener ce feu dans notre matière, comment opérer le passage ou la transfusion de ce corps obscur et mortel à ce corps ardent et immortel ? 
L'expérience est en cours, il est difficile d'en parler, personne ne saura vraiment comment cela se fait jusqu'à ce que ce soit fait. Nul ne connait le pays ni le chemin puisque personne n'est jamais allé là, personne n'a jamais fait un corps supramental !
Mais ce sera fait, aussi inévitablement que l'homme et le singe, et le mille-pattes, étaient déjà faits dans la grande Semence d'or du monde. C'est la dernière aventure de la terre, ou peut-être la première d'une série plus merveilleuse sur une nouvelle terre de vérité. 

Satprem